Le Devoir
DE VISU, samedi, 1 mai 2004, p. E7
Gwenaël Bélanger - Jusqu'au 8 mai - Galerie Graff - 963, rue Rachel Est
Hellman, Michel
En 2003, lors de la triennale «L'art qui fait boum!», une série de photographies représentant des objets en train de tomber avait séduit les spectateurs et attiré l'attention de la critique. Suspendus dans le temps, avant l'impact, ces objets avaient un aspect captivant et nous invitaient à nous interroger sur la perception et l'illusion photographique. L'artiste, un certain Gwenaël Bélanger, présente actuellement une exposition solo à la galerie Graff.
Il aborde cette même recherche, mais d'une manière très différente.
En entrant dans la salle, on voit plusieurs photos de même taille accrochées au mur. À première vue, elles font penser à une espèce de puzzle ou à une mosaïque. Mais après un regard plus attentif, on remarque que ces photographies, qui représentent des sujets différents, sont liées entre elles par des lignes qui se rejoignent pour créer une perspective complexe. Elles sont en fait groupées de façon à donner forme à une autre image.
Cela apparaît plus ou moins nettement selon l'endroit où l'on se place. L'artiste, en délimitant les contours et en laissant vide le centre, nous amène à poser notre regard sur les tracés et les volumes. Assemblées ainsi, des photos anodines de pages de livres, de fils électriques, de boîtes prennent des formes géométriques complexes: cubes, octaèdres, tétraèdres, etc., dans la série des Polyèdres. Dans l'oeuvre monumentale intitulée La Trouée, c'est la galerie Graff elle-même qui apparaît à travers un mélange de 119 photographies différentes...
Ce travail, jeu visuel singulier d'une grande virtuosité, s'apparente à une illusion d'optique. Par ce «collage», l'artiste fait ressortir différents niveaux d'interprétation de l'image. L'effet est surprenant, quoique peut-être un peu répétitif.
Ces oeuvres nous montrent en tout cas l'habileté d'un artiste qui n'a sûrement pas fini de nous étonner.
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