TRADEart

De Julie Belisle
Texte du catalogue

Mettre à l’épreuve la compréhension du monde de l’art contemporain, voilà à quoi s’attarde Gwenaël Bélanger avec Logo Contest, œuvre qui transporte l’effigie du créateur dans l’univers de la publicité et du « brand identity » visuel. Si la pratique artistique est autant synonyme de fascination que d’incertitude, l’image qu’elle évoque à notre esprit reste imprécise. Comme si pour y réfléchir, il nous fallait nous représenter l’infigurable.

Le logo, sorte de synthèse communicative, est devenu un nouveau lieu de construction de symboles. En tant qu’émetteur de discours – son étymologie grecque renvoie au logos – son concepteur graphique doit s’approprier le contenu de ce qu’il représente. Il pose, à vrai dire, les questions du « quoi » et du « comment » à l’objet qu’il rend transmissible. Ici, le poinçon commercial devient le médium utilisé pour condenser en signe iconique les pratiques de quatre artistes québécois aux univers distincts.

Gwenaël Bélanger s’atèle ainsi à une tâche difficile à concevoir où, partant des textes écrits sur ces différents cas de figure, il montre comment de cette mise en mots se crée une image et, peut-être, un décalage entre ce qui est spécifié et l’interprétation qui en est faite. Aux logos affichés se juxtapose le processus, les idées, les directives, les essais, la correspondance liés à ce travail de déchiffrement menant à représenter, à symboliser l’identité d’un artiste.

Logo Contest prend donc forme de la subjectivité de l’artiste ici initiateur, chargé de projet, directeur d’une boîte de communication en quelque sorte qui impose ses définitions, ses sélections et ses choix. L’installation expose les traces d’une construction à l’œuvre, offrant à voir une mise en abîme qui embrasse quatre autres productions artistiques. L’artiste, maintenant propriétaire des logos, les enchâsse dans des cadres en métal verrouillés, utilisant l’espace protégé du babillard pour accrocher ce déplacement, ce glissement.

Entreprise illusoire, sinon astucieuse, car l’artiste d’aujourd’hui n’est-il pas devenu un travailleur autonome, devant gérer dossiers, sites web, reproductions, demandes de bourse, droits d’auteur, comptabilité, documentation et diffusion?