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Le projet REPERTOIRE INCOMPLET
Dans un espace publicitaire du métro Papineau, le système de classification du projet « Répertoire incomplet » vise à exposer la force expressive de divers objets quotidiens.

Les critères avec lesquels j’ai évalué chaque objet appartiennent sans ambiguïté au monde de la subjectivité : esthétique (forme, aspect visuel), charge poétique (capacité à laisser place à l’imagination et à l’interprétation), absence de connotation (le sens de l’objet n’est pas contaminé par d’autres sens ou images secondaires). La limitation du corpus d’objets repose sur un réseau de contraintes et sur un système de cotation arbitraire. Un des buts de cette pseudo taxinomie consiste a montrer qu’il est possible de quantifier l’inquantifiable et d’objectiver ce qui est, par nature, subjectif.

Aux yeux des spectateurs, les résultats ont l’air probant et signifiant. Les objets ne sont-ils pas accompagnés de la note obtenue ? En fait, une mécanique de la vraisemblance contribue à faire illusion : le cadre de l’affiche est résolument publicitaire tandis que le prétexte appartient quant à lui à l’univers des sondages et de l’analyse de données. Ainsi, le spectateur, sécurisé par la reconnaissance de ces objets quotidiens et par la rationalité numérique des résultats, peut très bien ne pas se rendre compte qu’il en face d’une proposition artistique. Il peut néanmoins se surprendre à essayer de comprendre ce système de pointage et même à contester certains choix de l’artiste. Ce faisant, ce sont ces propres goûts qui entrent dans le cadre de l’œuvre.

© 1999-2009 Gwenaël Bélanger.
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